Lundi de Pentecôte : qui y gagne ?
Jour férié en France, une grande confusion règne toujours autour du lundi de Pentecôte. Qui travaille ? Est-ce une journée de solidarité officielle ?
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Lundi de Pentecôte : jour férié ou travaillé ?
Tout comme le 1er mai et le 14 Juillet, le lundi de Pentecôte est bel et bien une journée fériée. Cependant, il fut un temps où ce jour était considéré comme une journée de solidarité pour soutenir les personnes âgées ou handicapées. L’idée de lundi de Pentecôte travaillé est l’initiative de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. A la suite de la canicule de 2003, qui avait fait environ 15 000 morts, il a instauré une journée de solidarité. Il s’agissait d’une journée de travail supplémentaire non rémunérée pour les salariés. Ainsi le lundi de Pentecôte était désigné pour représenter cette journée de solidarité. Mais, face à la confusion générale engendrée par cette journée, le gouvernement de François Fillon, l’a rétabli en jour non travaillé le 16 avril 2008. Ainsi, le lundi de Pentecôte travaillé n’a duré que 3 ans : de 2005 à 2008. Désormais, il s’agit d’un jour férié au regard de la loi, mais la journée de solidarité s’applique en fonction d’un accord fixé au sein de l’entreprise et de l’établissement.
Qu’est ce qu’une journée de solidarité ?
La journée de solidarité est une journée de travail supplémentaire, sans rémunération, destinée à financer des projets favorisant l’autonomie des personnes âgées ou à mobilité réduite. Dans son principe de fonctionnement, elle prévoit des actions pour éviter aux salariés qui changent d’employeur en cours d’année de réaliser plusieurs journées de solidarité dans une même année. Ainsi, depuis que le lundi de Pentecôte n’est plus officiellement une journée de solidarité, la date est fixée librement, et ce, en fonction de l’accord collectif. Mais la décision finale est prise par l’employeur, après consultation du comité d’entreprise. Elle prend dès lors différentes formes puisque les modalités d’application sont fixées par accord d’entreprise ou d’établissement ou résultent, à défaut, d’un accord de branche. En effet, l’accord peut prévoir le travail d’un jour férié communément chômé (excepté le 1er mai), l’annulation des jours de réduction du temps de travail (RTT) ou la mise en place de 7 heures de travail supplémentaires réparties sur l’année.
Bon à savoir : les modalités d’accomplissement se basent sur l’accord collectif ou sur la décision de l’employeur. La journée de la solidarité ne doit être fixée ni sur le vendredi saint, ni sur le 25 et le 26 décembre dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
Qui travaille le lundi de Pentecôte ?
9 ans après la loi du gouvernement Raffarin ayant transformé le lundi de Pentecôte en journée de travail supplémentaire non rémunérée, la confusion règne toujours. Ce jour-là, la plupart des administrations sont fermées mais les entreprises commerciales ou privées restent ouvertes. En 2010 et 2011, ce sont 4 salariés sur 5 qui ont eu droit à un jour de repos le lundi de Pentecôte. A la SNCF et la RATP, les trafics correspondent à la circulation des jours fériés, mais une journée de RTT est déduite. Dans les transports aériens, notamment chez Air France, les activités suivent leur cours normal mais dans les services administratifs la journée est fériée avec le prélèvement d’une journée de RTT. Le lundi de pentecôte est chômé dans les services ou établissements publics. Pourtant, une journée de RTT est prélevée. Les grands magasins, les grandes enseignes, la Bourse, les musées nationaux sont par contre ouverts. Les employeurs s’organisent toutefois différemment, en proposant des RTT collectives, un jour de repos compensatoire ou la hausse de la rémunération horaire.
L’argent va-t-il réellement aux personnes âgées ?
Depuis la suppression du lundi de Pentecôte travaillé, les entreprises choisissent elles-mêmes la date de la journée de solidarité en suivant certaines règles de base. En contrepartie, les employeurs versent à l’État une contribution de 0,3 % de la masse salariale annuelle, ce qui correspond bien à une journée de travail. Cet argent est ensuite remis à la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), qui l’utilise pour financer des actions favorisant les personnes dépendantes. En 2008, 2,29 milliards d’euros ont été récoltés, contre 2,21 milliards en 2009, 2,4 milliards en 2010 et 2,3 milliards en 2011. Selon la CNSA, c’est la hausse du phénomène de chômage qui constitue l’un des paramètres de réduction de cette contribution solidaire. Par ailleurs, en 2010, une polémique avait éclaté sur l’utilisation de cet argent. Des associations ont accusé le gouvernement d’affecter l’argent au colmatage du trou de la Sécurité sociale. Mais le gouvernement avait démenti ces rumeurs, en assurant que la somme collectée ne peut être dépensée à des fins autres que celles prévues par le législateur.