Vitamine C ou l’arnaque du siècle
Depuis quelques années maintenant, les Français, même bien portants, sont obsédés par leur santé, au point de multiplier les pseudo traitements préventifs afin d’éviter d’attraper telle ou telle maladie qui est apparue à l’autre bout du monde. Ainsi, c’est tout naturellement que le marché de la vitamine C, au même titre que celui des compléments alimentaires, voit ses ventes exploser chaque hiver… Et pourtant, les cures de vitamines C ne seraient pas aussi nécessaires qu’on essaye de nous le faire croire et ne seraient, au final, qu’une affaire de gros sous.
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D’où nous vient cette fascination pour la vitamine C ?
Si la vitamine C, ou l’acide L ascorbique, est apparue au début des années 1900 sous la forme du Redoxon protégeant contre la grippe et le refroidissement, ce n’est qu’à partir des années 1960 qu’elle est devenue « indispensable ».
Comment ? Tout simplement grâce à (ou à cause d’) un homme qui a fait de sa vie une promotion de la vitamine C : Linus Pauling, le seul à avoir remporté deux prix Nobel dans deux catégories différentes, à savoir le prix Nobel de chimie en 1954 et le prix Nobel de la paix en 1962. Mais, aujourd’hui, beaucoup ne retiennent que le fait qu’il a été la première publicité vivante en faveur de la vitamine C. En effet, à 65 ans, un biochimiste l’a convaincu que s’il prenait 3.000 mg de vitamines C par jour, il pourrait vivre au moins 25 ans de plus. Ainsi, il prend ces recommandations au pied de la lettre et devient, dès lors, totalement obsédé par la vitamine C. Il affirme lui-même qu’il n’est plus jamais malade (même pas de petits rhumes bénins qu’il avait pour habitude d’attraper en hiver) et va même augmenter les « shoots » de vitamines C pour atteindre les 18.000 mg par jour.
Son obsession va le conduire à prêcher cette bonne parole au monde entier dès 1970 en publiant son livre « La vitamine C contre le rhume » qui est, à l’époque, un véritable best-seller. Dès lors, la vitamine C devient indispensable dans la tête des gens…
Un engouement justifié ?
La vitamine C, c’est un peu le médicament aux mille vertus qui attirent une grande majorité des Français. Elle permettrait de passer au travers des petits microbes hivernaux comme le rhume ou la grippe, de prévenir les maladies cardiovasculaires ou encore le cancer. Elle permettrait également de lutter contre les états de fatigue passagère. Une véritable mine d’or pour traverser en bonne forme, les mois les plus froids de l’année…
Oui, mais des scientifiques ont prouvé que notre besoin en vitamines C ne dépasse pas les 200 mg par jour, même quand nous sommes malade. Or, ces 200 mg d’apport en vitamines C équivalent à 2 kiwis ou 4 mandarines, fruits que nous pouvons consommer naturellement. Sans compter que l’on en trouve dans la plupart des aliments que nous consommons au quotidien… Aussi, faire une cure de vitamines C ne semble donc pas nécessaire, si l’on adopte une bonne alimentation équilibrée (les fameuses 5 portions de fruits et légumes par jour).
Mais les Français ont du mal à retenir ce discours et l’aura de la vitamine C a, depuis, été extrêmement exploitée par les fabricants de celle-ci mais également par les pharmaciens qui la vendent… Et, vu la rentabilité de celle-ci, cela ne risque pas de changer…
Un business en grande forme
Ainsi, chaque année, en hiver, le même scénario se répète : les Français (et pas seulement) se ruent en pharmacie afin d’acheter les petites pastilles oranges à croquer et ainsi combattre les petits maux de la saison. Et si les différents prix de la vitamine C, médicament non remboursable, semblent accessibles à tous (1,99 euros les 20 comprimés du côté des génériques, et 4 euros maximum pour les grandes marques comme Upsa et Juvamine), fabricants et pharmaciens s’en mettent véritablement plein les poches…
En effet, il faut savoir que l’acide L ascorbique pure (soit la vitamine C) provient en majorité de Chine, premier exportateur au monde (CSPC Pharma, ça vous parle ?). Produite à partir d’épis de maïs, présents en masse sur le territoire chinois, cette vitamine C est vendue à « prix d’ami » aux fournisseurs, soit 9 euros le kilo en moyenne. Dit comme ça, ça ne parle pas beaucoup… Et si nous vous disons que cette même vitamine C vous est revendue 20 fois plus chère en pharmacie ? Eh oui, à 4 euros la boîte de 20 comprimés, le kilo est vendu, en France, à 200 euros…. Rien que ça !
Ainsi, ce marché très juteux représente, chaque année, un chiffre d’affaires d’environ 40 millions d’euros en France.… Un chiffre qui ne risque pas de baisser vu les pratiques marketing utilisées pour attirer et faire vendre. Des pratiques chaque fois un peu plus vicieuses, à l’image de la dernière tendance, les vitamines à base d’acérola, une petite cerise contenant dix fois plus de vitamines C que l’orange, mais coûtant également beaucoup plus cher. Au point où les acheteurs demandent aux fabricants qu’une fois transformées, les vitamines ne contiennent que 50% de vitamines naturelles et 50% de vitamines synthétiques, dans le but de faire baisser le prix d’achat. Mais, le prix de vente aux consommateurs, lui, reste inchangé. Et, ces mêmes consommateurs ne sont informés que de manière très floue sur la contenance de ces nouvelles vitamines (« de la vitamine synthétique, ah bon ? ») De la désinformation et de la fraude, en somme.